Histoire de ma vocation
By Cristal Mamadou
Je m’appelle Cristal Mamadou, originaire de la République Centrafricaine. Je suis actuellement
en deuxième année de théologie et de licence en liturgie. Issu d’une famille de sept enfants, je suis
le troisième, et j’ai la grâce d’avoir mes deux parents encore en vie.
Écrire l’histoire de ma vocation est pour moi une grande joie. Cela me permet de relire, avec
émerveillement, le chemin par lequel Dieu m’a conduit, et de reconnaître combien Il continue de
me tenir la main pour avancer.
Tout a commencé alors que j’étais encore élève en classe de CM1, au collège Notre-Dame de
Chartres. J’étais à l’époque servant de messe, et profondément touché par la beauté de la liturgie,
par la manière dont les prêtres célébraient à l’autel, ainsi que par leur simplicité de vie, leur accueil
bienveillant et leur quotidien bien ordonné. Ces impressions m’ont poussé à m’adresser au père
Léonard Ndjadi, alors aumônier des jeunes, qui est rapidement devenu mon accompagnateur
spirituel.
Il m’a orienté vers le groupe vocationnel de la paroisse. En classe de 6e, je voulais déjà passer le
concours d’entrée au petit séminaire Saint-Marcel de Sibut. Mais une difficulté administrative
m’en a empêché : il fallait un tuteur, et n’en ayant pas car je vivais en famille d’accueil lors des
petits congés je n’ai pas pu me présenter au concours.
À ce moment-là, je ne connaissais pas encore les Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus,
bien qu’ils fussent présents sur ma paroisse. Mon désir était simplement de devenir prêtre,
comme ceux que je voyais autour de moi, sans savoir qu’ils appartenaient à cette congrégation. Le
fait de ne pas entrer tout de suite au petit séminaire m’a permis, avec le temps, de mieux découvrir
leur identité, leur charisme.
Il y eut une période de relâchement. Le groupe vocationnel s’essoufflait, et le prêtre qui
l’accompagnait avait été muté. Mais en classe de 4e, ce désir profond de suivre le Christ a ressurgi
avec force. Je suis donc revenu dans le groupe. Je songeais encore à entrer au moyen séminaire,
mais mon curé de l’époque me conseilla de terminer d’abord mes études secondaires avant de m’engager. Selon lui, j’étais encore jeune, et un temps de discernement plus long serait bénéfique.
J’ai accepté cette proposition. C’est alors que le père Junior, récemment ordonné, reprit le groupe vocationnel et m’orienta vers les Comboniens. Le père Lazard Palukou était alors promoteur des vocations, bientôt remplacé par le père Isaac Tchanda. Peu à peu, je me suis senti attiré par leur spiritualité. Moi qui voulais être prêtre diocésain, je découvrais un homme, saint Daniel Comboni, un charisme, une passion : celle du Christ Bon Pasteur, au cœur transpercé, livrant sa vie pour les siens.
J’ai été profondément marqué par l’amour de Comboni pour les peuples d’Afrique, son souci du
salut des âmes, son désir de relever l’homme africain dans sa dignité de fils de Dieu. Un livre du
père Nennon Contran, Un chemin qui pourrait être le tien, m’a éclairé sur la profondeur de cette
vocation. Le courage de Comboni, sa souffrance, sa fidélité dans l’annonce de l’Évangile malgré
les épreuves, m’ont inspiré. Je me suis demandé : « Et moi, pourquoi ne puis-je pas suivre ce chemin ? »
J’ai poursuivi mon cheminement jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Vint alors le moment du
grand choix : entrer au séminaire ou rester avec ma famille. Mes parents avaient des projets pour
moi, mes amis m’encourageaient à suivre une autre voie. J’étais tiraillé, en proie au doute : étais-
je dans l’erreur ? Ou étaient-ce les autres qui se trompaient ? Mais dans cette tempête intérieure,
Dieu m’a soutenu. Grâce aux conseils de prêtres et à l’ouverture de mes parents, j’ai retrouvé la
paix intérieure et j’ai pris la route du séminaire.
Au postulat, j’ai pu approfondir ma vocation à la suite du Christ et découvrir en profondeur la
spiritualité combonienne. Ce fut pour moi une véritable école de vie. La vie communautaire, la
prière, le travail manuel, les études et l’apostolat m’ont permis de grandir humainement et
spirituellement. J’ai appris à accueillir l’autre, à vivre la fraternité, à m’attacher au Christ et à me
former à la mission. Les colloques et la correction fraternelle m’ont aidé à me construire sur le
Roc qu’est le Christ.

L’année de noviciat, centrée sur la vie spirituelle et la connaissance de notre fondateur, fut une
expérience unique d’intimité avec le Seigneur. C’est là que j’ai vraiment appris à aimer avec le
cœur du Christ. Un verset m’accompagnait : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15,5). La vie religieuse correspondait profondément à mon aspiration : me donner tout entier au service de l’Évangile.
J’ai fait mes premiers vœux le 8 mai 2021, au Bénin. Ensuite, je suis parti au Kenya pour y
apprendre l’anglais. Cette étape m’a appris à vivre la liberté dans la responsabilité. J’ai compris
ce que signifiait mettre en pratique les vœux que j’avais professés. Puis, je suis allé en Égypte
pour étudier l’arabe classique. Ce fut un grand défi, car la langue est exigeante. Mais, avec
persévérance et joie, j’ai affronté les difficultés. J’y ai aussi découvert un monde culturel nouveau,
auquel j’ai pu m’intégrer grâce à la grâce de Dieu.
Après cette étape fructueuse, je suis arrivé au Liban, où je termine actuellement ma deuxième
année de théologie. Le Liban, plus ouvert culturellement, m’a permis de vivre avec plus de liberté
et de diversité. J’ai parfois été confronté à des attitudes racistes, comme en Égypte. Mais je choisis
de les vivre comme des épreuves qui purifient, dans l’amour du Christ.
La théologie m’a permis d’approfondir ma connaissance de Dieu, de parler de Lui avec humilité.
C’est une théologie vécue dans la prière. Parallèlement, j’ai eu la chance de suivre une licence en
liturgie. Car c’est dans la liturgie que s’exprime toute la richesse de la foi et de la théologie. Je
me réjouis profondément de cette double formation.
Ces deux années au Liban m’ont aidé à incarner mes vœux :
– L’obéissance m’ouvre à l’écoute et au détachement de moi-même.
– La pauvreté s’exprime dans l’usage responsable et sobre de ce que j’ai.
– La chasteté, quant à elle, devient une école du cœur libre, capable de pardon, de don, de
maîtrise de soi, et de prière constante.
Je rends grâce à Dieu, car il m’a toujours soutenu dans ma fidélité à mes engagements. Je
continue cette route avec confiance, librement et sans peur, animé par le désir de le suivre jusqu’au
bout.